Petit déjeuner in my stomac, vêtue d'habits fonctionnels et l'air de rien. La porte d'entrée me prend et m'emporte vers mon vélo pour que j'accomplisse encore une journée à embellir la vie de dizaines de bouts d'choux qui n'ont pas eu la chance de naître 30 ans plus tôt.
La descente ne comporte que trois étages. Le sol, recouvert d'une mosaïque vétuste, est presque glissant tant les marches ont été polies par les pas pressés des gens oppressés.
Il y a quelques temps, j'ai eu l'idée d'adopter, en plus d'un chat, des petits compagnons bien singuliers, qualifiés de nouveaux animaux de compagnie ou N-A-C-. (L'entomologie m'intéresse parce que je ne peux pas regarder le végétal sans observer les insectes.). L'infiniment petit me passionne autant que son contraire. D'aucunes personnes me diront qu'il ne sert à rien d'espérer avec le nez en l'air... pourtant... J'ai la capacité d'être, dès le matin, très vite opérationnelle pour le rêve... Futilité ?
Depuis le moment où j'ai rapporté mes amis les phasmes "brindilles" d'une classe de CP jusqu'à ce jour, ceux-ci ont beaucoup grandi : d'une petite taille de chiure de mouche (pour l'œuf...), ils sont grands, maintenant, comme une envergure de paume de main, et ce, grâce à leurs successives exuvies. Ils ont pris une couleur qui fait que j'ai beaucoup de mal à les dissocier des branches sèches d'asparagus. Une instit m'avait dit qu'ils aimaient les orchidées. J'en ai ramené du nouvel endroit dans lequel je bosse, mais dès qu'elles refont une nouvelle pousse, celle-ci est engloutie par mon bataillon de morfales qui la boulotte sans vergogne . Regarde-les Isa, à présent, les plantes du pallier ! Ficus fantomatiques, orchidées psychédéliques, pommiers d'amour faméliques. Il n'y a guère que les chlorophytum bouturés d'ascendants en descendants pour sortir indemnes des troupes organisées criant sourdement "sus au vert". Qui les en blâmerait ? Pas moi, en tout cas ! D'autant plus que je ne pense que trop rarement à leur donner les branches de lierre dont ils sont si friands.
La porte m'emporte donc et je descends, guillerette, vers ce nouveau jour rempli de promesses, regrettant de me montrer impuissante face à mon égoïsme.
En bas des escaliers, une de ces petites bêtes à bon dieu est bloquée devant la porte de mon "bocal" à vélo.
Je fais, à l'insu de mon plein gré, un parallèle avec ces pauvres personnes qui croient trouver chez nous une terre plus propice que les lieux d'horreur qu'ils ont quittés. Il se retrouvent dans ce qui a été appelé "jungle" : quel mot sordide pour un endroit encore plus inhumain que l'évocation de son nom. Tout n'y est que saleté, boue, froidure, humidité. Des tentes pour les soins les plus urgents, une école ouverte aux quatre vents dans laquelle des bénévoles se succèdent pour insérer ces personnes mal accueillies par quelques "imbéciles heureux qui sont nés quelque part" parce que leur seul tort a été de naître au mauvais moment et au mauvais endroit.
Ma philanthropie l'emporte sur cette entomophilie qui me passionne. Il me reste, peut-être, une parcelle d'humanité...
Ils étaient des milliers à attendre au port :
Un vaste camp de lande érigé comme un temple.
Notre terre d'accueil devait donner l'exemple.
Est- ce eux les misérables, les damnés, est-ce nous ?
Agdistis, nous ne voyons que nos remords.
Tu as joué aux dominos
Dans ce trou classé Seveso
Dites-moi ! tiendrions-nous des dents par le mors ?
Scénario d'un autre âge, "offrande" de frêles bastides
Aux peuples embarqués dans d'obscurs courroux
Pénitents seront-ils absous ?
Et de l'amour ~~~ enrober de chrysalides
Nos frères en procession vers l' Albion perfide ?
J-O-B-73, Posté le mercredi 09 novembre 2016 11:54
esarjo a écrit : " "
(e)